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Études supérieures, passer le cap avec un trouble DYS

Dysorthographie, dyslexie, dysgraphie, dyscalculie… Les étudiants ayant un trouble « dys » sont de plus en plus nombreux à continuer vers les études supérieures et les grandes écoles. À l’IHECF de Rennes, nous avons interrogé Anne-Laure, étudiante en 1ère année de MBA EFA, diagnostiquée dyslexique et dysorthographique.

« C’est souvent des troubles qui sont banalisés »

Peux-tu te présenter ?

Je suis Anne-Laure, je suis en formation EFA 1ère année, en alternance. Je travaille dans le contrôle de gestion chez Sanders Bretagne, filiale du groupe Avril pour une durée de 2 ans. 

Avant tout cela, je ne me voyais pas faire un BAC général, donc je me suis dirigée vers un BAC PRO secrétariat comptabilité. Suite à ça, j’ai fait un BTS assistante de gestion PME PMI. Cependant, quand on a un DYS, beaucoup disent de nous « elle n’y arrivera pas », « ce n’est pas possible pour elle », « ça ne sert à rien, faut qu’elle aille vers les métiers manuels ». Sauf que ce n’était pas du tout ce que je voulais faire, et au contraire : je voulais prouver que c’était possible, que si on se donne les moyens on peut le faire.

Donc je me suis recentrée sur la gestion comptable, et j’ai intégré une licence en contrôle de gestion et informatique décisionnel à Vannes. J’ai arrêté mes études pour travailler pendant 2 ans au Leclerc en tant qu’assistante contrôle de gestion. Pas d’évolution possible, j’ai décidé de chercher un autre emploi, mais je voyais sur les fiches de poste que j’avais certaines lacunes. J’ai décidé d’intégrer l’IHECF de Rennes en MBA EFA.

Une appréhension de reprendre des études ?

Oui, un peu : les études supérieures, j’ai quitté l’environnement école, j’ai travaillé pendant 2 ans. Mais je craignais surtout d’avoir un décalage avec les autres camarades surtout au niveau de l’âge. Finalement, on a une bonne ambiance de classe donc pas de souci là-dessus.

Et je me suis dit que c’était maintenant, le bon timing pour reprendre ses études. Je suis jeune donc autant en profiter tout de suite. J’y arrive tant mieux, sinon pas de regret puisque j’aurais tenté

Peux-tu nous expliquer ton/tes troubles DYS ?

On m’a diagnostiqué quand j’étais en CP, c’est souvent à cette période-ci qu’on diagnostique les enfants puisqu’on commence à apprendre à lire et à écrire. Le trouble a commencé au moment de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Je suis dyslexique et dysorthographique.

La dyslexie

Donc la dyslexie, c’est quand on confond des lettres, moi principalement c’est le V et le F. Mais ça peut être d’autres lettres comme le T et le D, le P et B, M et N, des lettres qui se rapprochent. Les exercices qu’on pouvait être amené à faire s’articulaient autour de la phonétique.

La dysorthographie

La dysorthographie, c’est plus inverser le sens d’une lettre. Moi c’est souvent le R, à savoir si je le mets avant ou après une autre lettre.

Les dyslexiques et dysorthographiques écrivent plus facilement phonétiquement. Par exemple, pour le son [f], il y a la lettre F ou on peut aussi utiliser PH. C’est à ce moment-là qu’on peut rencontrer des difficultés, notamment les fautes d’orthographes.

Après j’ai eu la chance de ne pas avoir eu la dyscalculie, les gens qui confondent les chiffres. C’est aussi pour ça que je me suis orientée vers les métiers chiffrés, et non des postes avec beaucoup de rédactions.

On en parle assez ?

C’est de plus en plus connu, mais pas dans le meilleur sens à mon gout. Il y a de plus en plus de personnes qui mettent en avant les troubles DYS, mais c’est banalisé par certain et qui peuvent dire « oui ça va, elle est juste dyslexique ». Sauf qu’une personne dyslexique, même si elle veut corriger le trouble, elle sera toujours dyslexique. Même avec beaucoup de travail, ça ne disparait pas comme ça, il faut vivre avec.

Comment t’organises-tu dans ton quotidien ?

Pour les cours, je ne travaille pas sur ordinateur, je préfère les écrire. Cependant, quand ce sont des cours magistraux, c’est plus compliqué puisque je ne sais pas quelles informations prendre et prioriser. Certain professeur nous donne leur cours en entier et en papier, et je suis beaucoup plus facilement. 

Mais d’autres nous donnent juste leur plan. Donc, avant ou après le cours, à moi de me renseigner sur le chapitre dont on va parler pour ne pas être trop perdue. Je ne pourrais pas suivre sinon, il va assez vite. Sur papier, ce n’est pas la peine puisque ma copie serait remplie de fautes d’orthographes et sur ordinateur je perdrais trop de temps à corriger mes fautes.

As-tu été accompagnée pendant tes études ?

À l’époque, mon école avait fait un essai d’une classe de 7 personnes pour se préparer à la classe de 4ème. En fait, j’ai fait 2 ans de 4ème. Et donc l’année suivante, je suis arrivée dans une autre classe de 4ème, mais j’avais déjà vu une bonne partie du programme. Ça m’a bien aidé, puisqu’on prenait notre temps, et c’est à partir de cette période que j’ai vu que j’avais une appétence pour les mathématiques, que ça me plaisait.

Quels sont les dispositifs spéciaux pour t’aider ?

Il y a le tiers temps qui a été aménagé. Mais je ne les ai pas toujours eus. Par exemple, pour mon 2ème passage BTS et ma licence, le rectorat me l’a refusé puisque je ne suivais plus d’orthophoniste. Alors ça ne m’a pas trop pénalisé en licence puisqu’on faisait beaucoup de travaux de groupe, mais le BTS il fallait vraiment gérer son temps. C’était difficile.

A présent, dès qu’on est diagnostiqué, le tiers temps est automatique (avec ou sans suivi orthophoniste par exemple).

Là cette année, je suis contente d’avoir un tiers temps. Par exemple, en management, on a souvent des devoirs avec plein de feuilles à lire, et sans tiers temps cela serait vraiment dur.

Mais on est peu renseigné sur le sujet. On ne sait pas vraiment si on a le droit ou non à des aménagements ou des outils,… que ce soit en école primaire, collège, lycée, études supérieures. Toutes les demandes prennent du temps, ce n’est pas automatisé. Après je sais qu’il existe des outils informatiques, mais on n’en parle pas beaucoup ou alors ce sont des logiciels payants.

Quels sont tes projets pour l’avenir ?

C’est de réussir mes deux années au sein de l’IHECF de Rennes, et de retourner dans le milieu professionnel. Après je ne suis pas fermée à la réalisation d’autres études plus tard dans un autre domaine, mais pour l’instant je suis contente d’avoir été jusqu’à là. Si au collège, on m’avait dit que j’irais jusqu’à BAC +5, je n’aurais jamais cru.

La formation MBA EFA, ça consiste à quoi ?

Proposée à l’IHECF de Rennes, la formation Expert Financier et Administratif est une formation de niveau BAC +5. Elle permet d’acquérir les compétences pour assumer les missions comme le pilotage de la fonction comptable et financière, l’élaboration des budgets ou encore le suivi de dossiers juridiques, fiscaux et sociaux.

Les prérequis, les modalités et délais d’accès, les débouchés,… Toutes les informations sont disponibles sur la page dédiée à la formation EFA.

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